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Gouttes de pluie
02:21
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Gouttes de pluie
J’ai dû construire des barricades jolis cadres photographies idéales
Mais bouche-trou d’un sidéral vide
Y’a pas de nature trop aimable perméable je n’ouvre pas de parapluie
Je cache mal mes côtés très sensibles
Les éclats les joies les soucis les coups au cœur les coups du sort
Les coups de blues les cris d’amour c’est juste des gouttes de pluie
Elles ne tombent pas au même endroit et puis elles coulent et puis elle sèchent
Elles ont le goût du sucre celui du sel aussi
Gouttes de pluie la pluie goutte
Goûte la pluie est-elle sucrée ?
Gouttes de pluie la pluie goutte
Goûte la pluie est-elle salée ?
Et puis un jour j’ai fait tomber ces barricades depuis je parle ce vocable
Consommable multi syllabiquement
La tête collée aux nuages je suis devenu aéroplane insaisissable
Vole au vent je joins l’utile au différent
Je ne fais pas dans la façade ou le passable ni dans l’effaçable ou la passade
Je laisse le divertissement
Je suis plutôt le grain de sable dans la godasse sur le costard la tâche sale
Je suis très fan de moi enfant
Tu peux m’appeler MC ou dire c’est du slam je reste à la porte des salons
Loin des chanteurs qui marchent pour le capital
Je suis planteur de fleurs je ne veux pas qu’elle fanent
Et si elles passent les saisons je serais riche de pétales
Les victoires les gains les succès les coups d’échec les peurs les doutes
Les coups d’essais les coups de coude c’est juste des gouttes de pluie
Elles ne tombent pas au même endroit et puis elles coulent et puis elle sèchent
Elles ont le goût du sucre celui du sel aussi
Gouttes de pluie la pluie goutte
Goûte la pluie est-elle sucrée ?
Gouttes de pluie la pluie goutte
Goûte la pluie est-elle salée ?
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2. |
Chauve qui peut
03:53
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Chauve qui peut
Je n’accorde pas de crédit quand un pote me cause encore de chute de cheveux
Je n’y trouve rien de pénible vivre sans n’est pas si terrible
Je ne porte que le crâne qui ne sent jamais de mains passer dans ses cheveux
Les dégarnis sont bénis coiffeur à zéro penny
Jamais dans l’équipe aux cheveux longs j’ai toujours voulu jouer les chauves
Petit garçon aux boucles blondes adolescent j’avais déjà le cheveu pauvre
Jamais de locks sur l’épaule jamais de mèche sur le front
Jamais de belles coupes en brosse et grand jamais de crinière fauve
Chauve qui peut. Chauve qui peut.
Les chevelus nous confondent voire nous prennent pour des clones
Pour mon espèce peu velue toutes les têtes sont rondes
C’est vrai ce n'est pas voulu mais je n’en ferai pas un monde
Le combat continue car the chauve must go on
Et lorsque la nuit tombe ma confrérie de chauves célestes
Redessine un monde nu sous les étoiles du chauve bizness
Elle y allume des feux de joie et les tignasses partent en volutes
Elle rappelle aux nuques longues le shampoing est une insulte
Moi j’y massacre des perruques des chignons des queues de rat
Et je porte à l a ceinture un scalp de rasta
N'est que chauve qui peut. N'est que chauve qui peut.
Je n’accorde pas d’écoute aux bonnes blagues aux tapes amicales ou familières
Je suis du peuple survivant des catastrophes capillaires
A tous mes compagnons imberbes ou pelés têtes clairsemées
J’ai composé ce sonnet parsemé de mes derniers cheveux éparses et sectionnés
Pour mes Bruce Willis mes Gollum surface lisse pour tout le monde
Pour mes Kojak pour mes youvs Monsieur Propre est un vrai bonhomme
Je garde ma coupe à la Yul les chauves sont des gars super cool
On se salue sur un clin d’œil et dans la foule on se rallie sur des chansons
Chauve qui peut. Chauve qui peut.
Depuis les toutes premières chutes en gros vers la vingtaine
Et ben tu vois tu comprend vite on est toujours le chauve d’un autre
Du coup je n’ai pas d’attrait pour Petrol Hahn et petites crèmes
Aux médisants je dis ceci cette différence c’est la nôtre
Le dicton dit certains l’aiment chauve c’est vrai mais plutôt pour certaines
Nous sommes cachés parmi les vôtres (coucou) à découvert et par centaines
J’ai pris mes tifs et pour la prose j’ai pris la plume et par entraide
J’ai composé aux coupes afro cet abominable requiem
Chauve qui peut. Chauve qui peut.
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3. |
Touché (avec Féfé)
03:45
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Touché
T’as le temps d’avoir le blues
Le temps pour la peur et les doutes
Et même le temps de faire les courses
Mais jamais le temps d’être touché
Rouda
T’as pas le temps d’être touché tout te paraît fade
T’as fermé tes capteurs et mis ton cœur en chambre froide
Il reste des bouts d’amour cachés parmi les fleurs qui fanent
Et des petits bonheurs pliés gardés sous cellophane
Tout s’enfuit tout s’échappe et comme tout le monde t’es flippé
Tout se gomme tout s’efface le compte en banque débité
Tout est speed et tout se répète en quotidiens étriqués
Tout se consomme et tout se jette en condensés dupliqués
Si ça pouvait s’éviter tu pourrais peut-être l’inventer
Et pourquoi pas léviter si le monde n’a plus de gravité
A la fin de ton envol au bout du monde ou sur un coin de bouche
A la fin de l’envoi il se pourrait que ça te touche
Féfé
T'as pas le temps d'être touché toi tu bosses pour
Trois cacahuètes et faut nourrir les gosses avec sourire
Tu fais que lutter alors que ce qui se passe à Moscou
Ou en bas de chez toi tu t'en fous comme de Nana Mouskouri
Trop d'horreurs au JT de maux de sang
Ont provoqué la corrosivité de tes émotions
Mais t'as un cœur qui bat c'est pas seulement quand tu vas courir
Pour t'en prendre plein les yeux pas besoin d'être en mode touriste
Le monde est en couleurs autant de joies que de douleurs
Tu pourrais si tu voulais être touché c'est pas coulé
Mais qui peut bien voler à ton secours ?
Si comme sous un cocotier tu veux pas qu'on te secoue
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4. |
Un vers d'avance
03:04
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Un vers d'avance
J’arrive avec un verre d’avance avec ma nonchalance
Patron je reprendrai un autre bock
Deux trois pesos sur le zinc et puis je lance
Une autre pièce pour le juke box
La chanson redémarre commence sur un son de cloche
Les mains sous le comptoir vont gratter les fonds de poche
Le bistrot ferme tard musique sans fausses croches
J’y suis très tôt le soir c’est clair comme de l’eau de roche
J’arrive avec un verre d’avance sur tous mes camarades
Celui au picon bière celui avec le kir royal
Adepte des gargotes et du bar de la gare
Commande des verres d’avance car j’ai la mer à boire
Vois-tu comme je bois sur dès que je te voies
Nue comme la voix je tue le temps que je dois
Vu que là je ne bois plus j’arrive avec un verre d’avance
J’ai attendu que les grands hommes fassent de grandes choses
Que nos combats soient de nobles causes
Que les poètes écrivent de belles proses
J’arrive avec un verre d’avance
Un vers d’avance je commence avant le début du couplet
Je trace de jolies balafres sur des feuilles découpées
Voici la du fin du texte sans l’écouter
C’est l’art de la nuance entre gratter et raconter
La rime est dépassée elle se prend des coups de crosse
Ecrire c’est dire à la vérité qu’elle soit petite ou moche
J’ai précédé les mots il ont raté le coche
Ils n’ont vu que le dos d’une main gauche et d’un sac d’os
Avec un verre d’avance sur tous mes camarades
Celui avec les vers bavards et celui qui retarde
Je ne mélange pas les plumes avec tous vos standards
Commandez des verres d’avance car j’ai la mer à boire
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5. |
L'undergrose
04:26
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L’undergrose
C'est une undergrose je suis désolé les gars
Une sacrée undergrose qui me tire vers le bas
Je voudrais monter sur la scène mais j’aime pas mes chansons
Je voudrais jouer numéro 10 j’ai pas pris mes crampons
Je voudrais éponger ma peine j’ai pas trouvé de glaçons
Je voulais embrasser cette fille mais j’avais pas de raisons
Je voulais avoir des réponses mais j’ai pas les questions
Je voudrais dire des choses profondes mais j’ai pas la diction
Je voudrais vouloir réussir mais j’ai juste pris l’option
C’est une undergrose ou pire qui me donne ses instructions
Je ne sors qu’un album tous les dix ans
Pour mes dividendes c’est jamais Byzance
Jamais à la mode c’est plus qu’évident
Mon mode de vie détonne s’occupe du palpitant
Des pas de révérence vas-y passe devant
Toi et tes courbettes je vous laisse dedans
Ne pas aimer ne veut pas dire je déteste les gens
Mais un avis se prend souvent le geste aidant
Je veux ni la bête de montre ni la bête de chambre
Je suis pas la bête de somme qui cède prestement
Je rêve de bout du monde pas de bouteille de champ'
J’veux pas la vie d’artiste non ça reste non
J’ai pas la panoplie ni l’envie ni la politesse manifestement
J’ai pris des mots valises un stylo bille et j’écris des textes où je laisse des blancs
J’ai pas de trajectoire allez je reste lent
Les rêves transitoires avec le vent
Les bonjours les bonsoirs me laissent de marbre
Mon undergrose et moi on reste au bar
C’est une undergrose je suis désolé les gars
Une sacrée undergrose qui me tire vers le bas
C’est une undergrose je suis désolé pour tout
Foutue undergrose qui me retient par le cou
Amis mélomanes voilà le binoclard test-son
Donnez moi le mic que l’on fasse des bonds
J’ai le flow la vibe et le presse-tétons
Ou les bonnes blagues quand je baisse le ton
C’est pour les mini shorts et les vestes longues
Pour les femmes à frange et les presque blondes
C’est pour les gens étranges ceux qui restent au fond
Pour tous les mélanges et le reste du monde
Mélange underground et loose et t'obtiens l'undergrose
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6. |
The French Guy
03:20
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The French Guy
Les affaires politiques et les clichés ont la dent dure
Les Etats Unis d’Amérique n’échappent pas aux caricatures
De notre côté de l’Atlantique on copie les postures
Ils manient la langue et le style et nous l’accent de Balladur
Là bas dans les meetings même les gros plans sont différents
De la taille des berlines à la taille des écrans
Les langues sont du même bois et les discours du même vent
Les Etats Unis d’Amérique c’est comme chez nous mais en plus grand
Là bas pour les débats on investit des stades
Chez nous on a Noah et sa guitare et même des gars qui font du slam
Là bas on voit Jay-Z Beyonce un défilé de stars
Chez nous Christian Clavier s’est défilé par l’Eurostar
Storytelling feux d’artifice ils sont forts ces cainris
Quand on avait De Gaulle ils avaient déjà Kennedy
On mange leurs hamburgers et on fredonne leurs chansons
Ils ont Schwarzenegger quand on a juste Jean-Luc Mélenchon
On porte leurs vêtements on boit de leur Coca cola
En 2008 on a même cru voter pour Obama
On a le Parc Astérix mais eux ils ont Disneyland
Ils ont la classe et le charisme et nous François Hollande
Qu'est-ce qu'ils sont forts ces cainris ! Qu'est-ce qu'ils sont forts ces cainris !
But i'm just a french guy. I'm just a french guy
Les affaires linguistiques ont consonance américaine
On est dans le rush la semaine on fait un brunch le week end
Dans nos vies et sur le web on se like plus qu’on ne s’aime
Mets cette punchline dans ton top ten
Ladies and gentlemen on gare nos caisses dans des parking
On court de plus en plus depuis qu’on s’est mis au jogging
On se maquille pour Halloween on part en vacances au camping
On croit trouver l’amour à la vitesse d’un speed dating
On se nourrit dans des drive-in et puis on lit des best seller
Moins de temps pour nos amis depuis qu’on a des follower
On accélère on boit plus vite pendant l’happy-hour
On a plus le temps de voir des films maintenant on préfère les teasers
Pour les anniversaires on chante toujours happy birthday
Et même pour le dessert nos glaces sont devenues sunday
J’en perdrais mon français mais j’ai la langue pickpocket
Elle a sa place dans les squats mais pas dans la jet set
On vit à cent à l’heure le nez collé sur nos smartphones
On mate en boucle leurs séries on avait déjà leurs sitcom
C’est plus un scoop les mots éclatent comme le pop corn
Si je veux faire le buzz j’upload un clip sur youporn
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7. |
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Le musée des mots usés
Monte dans la fusée elle carbure aux mots usés
Sans museler l'homme nous écrivons des muséums
Rouda
Le mot nomade serait mort s’il était sédentaire
Je pose des lettres capitales forcément dix fois centenaires
J’imagine des hommes en bleus autour d’un thé en tête à tête
Dans un musée désert voilà mon traitement de texte
J’ai ressorti mon poska depuis qu’on tag des photos
Je me méfie des faux amis depuis qu’ils s’appellent potos
A quoi bon dire miroir nous avons les selfies
Que ferais-je de comptoir avec bistronomique
Dièse est mort en bataille sur une seule touche de hashtag
De nouveaux mots en pagaille dois-je rédiger des épitaphes ?
Que fera-t-on de matraque quand taser sera banal ?
Pourrais-je trouver travail si tout le monde dit que c’est du taf ?
Les mots usés sont de grands hommes vétérans aux mémoires vives
Je vois ça comme un muséum qui porte le temps et sa patine
Ils nous racontent nos origines
Galerie de pièces maitresses d’un musée sans vitrine
Oxmo Puccino
Alpha mâle bêta dont les textes luisent
Une vie presque à peu près vers dix-sept dix-huit
Avec les mêmes mots dans tous les sens
On se répète on tourne en rond devenant bouleversant
Lutter pour filer l'envie de parler bien à quelques gosses
Tricard même titré
Fier de rimer sans injures
Enfoiré va te faire avec ton répertoire de vingt jours
Un lexique éternel déterminant
Mes lectures sont âgées de zéro à cinq mille ans
Pour moi les mots usés sont ceux qui portaient l'amour
J'en prends j'en donne je suis le black troubadour
A défaut d'écrire de lire au moins essaye
Tu sais tout ce que tu n'as pas pu dire va te blesser
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8. |
Avec
03:23
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Avec
Love-toi love moi
Avec un peu d'amour j'étends ma palette de couleurs
Love-toi love moi
Ecrire des textes ça ne marche pas si on ne vise pas le cœur
Avec un vers d’avance j’évite les bouteilles pleines
Avec une encre trop liquide la feuille devient fontaine
Avec des évidences on mettrait Paris en citerne
On ferait surement le tour du globe en 80 poèmes
Je veux faire briller les mots avec éclat et par centaines
Avec un peu d’argot j’arrangerai la langue française
Tenir le ciel au bout d’un fil où les étoiles sont perles
Ceux qui m’écoutent avec le cœur le savent ça ne se fait pas sans peine
Avec leurs chanteurs à la gomme tapins des petites semaines
Mes deux tympans avec le temps évitent les acouphènes
Avec élan projette vite une ou deux semelles
Ou jette ce nouvel album dans leur musée de porcelaine
Avec un bon délai j’trimballe une bonne trentaine
Dans mes oreilles old school et musique cubaine
Avec un retard sur la mode barbe rousse sale dégaine
Avec une balle dans la bouche appelle moi Kurt Cobain
Avec une grosse flemme je prends le même phonème
Avec un mot j’en ferai deux : bohème
Avec la paume ouverte je vous les ouvre du bout des lèvres
Et c’est avec un peu d’amour que ce couplet s’achève
Avec deux vers d’avance je suis le seul qui se comprend
Avec des pensées trop liquides plus personne ne s’entend
Avec ma paire de pompes avec mes pertes de temps
Avec des nuits trop courtes les rêves ne sont jamais très grands
Avec des valises sous les yeux j’ai le regard globe trotter
Avec du rhum avec une clope j’attends le clap-moteur
Avec ma seule octave encore un sale crooner
Avec ma chance mes statistiques amusent les bookmakers
Je suis dans ma propre battle je suis mon co-auteur
Avec l’accent mes propres paroles avec ma langue en cutter
A découvert débiteur avec des miles au compteur
Avec mon sens du rythme me prends jamais comme batteur
Avec des enfants tristes on fait de drôles d’adultes
Avec des bouts de ficelle je fais des textes et pour mon fils des catapultes
Avec mes contre tendances mon undergrose est aiguë
Graves abus plus drogues douces plus tout ce que j’ai bu
Avec un peu de vitesse et d’aplomb les phrases sont beaucoup plus brèves
Avoir la vie d’artiste c’est juste fermer des parenthèses
Avec la paume ouverte je vous les ouvre du bout des lèvres
Et c’est avec un peu d’amour que ce couplet s’achève
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9. |
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La main du maître
Jacques Prévert
Un petit homme avec des chiffres dans la tête, un petit homme avec un drôle de regard derrière son lorgnon (...) Un petit homme qui ne connaît qu'une seule chanson, toujours la même. Bénéfices nets. Une chanson avec des chiffres qui tournent en rond (…) Il n'entend pas la voix des hommes qui fabriquent, il n'entend pas la voix des ouvriers, il s'en fout des ouvriers. Un ouvrier c'est comme un vieux pneu. Quand il y en a un qui crève, on l'entend même pas crever (...)
Rouda
C’est un cri sourd le bruit des outils sur l’écrou
Un chant à l’unisson une cour d’usine qui se tient debout
Messieurs sciez les porte-drapeaux rompez le garde à vous
Le salaire de la peur c’est juste un garde fou
C’est rien qu’un petit homme un boutiquier et de la poussière
C’est juste un nom pour un coup de gomme sur un classeur excel
Posons des clous sur la table pour l’ultime bras de fer
Y’a des cailloux au fond du plat soyons jeteurs de pierre
C’est le forçat qui se libère c’est la révolte contre le père
C’est être prêt de ne plus se taire et de tout perdre
Je dresse des ponts je pète les plombs ou je jette l’éponge
Mais je brise le moule et son modèle car ce n’étaient pas les bons
C’est l’invisible vendeur de rose le corps social qui se nécrose
C’est le patron sur un trône en carton
Méfiez vous de ceux que l’on traite comme des bêtes
Prenez garde ils pourraient bien mordre la main du maître
Derrière les portes de l'usine ça sent le souffre et la mitraille
Sens-tu le souffle de la rue la clameur camarade ?
C'est rien qu'un petit homme avec des chiffres dans la tête
Avant de vivre le grand soir mordons la main du maître
Neobled
Offre moi le gîte et le couvert
Rassure moi étreins moi lorsque je désespère
Transmets puisque tu as le pouvoir entre les mains
Que puis je faire si ce n'est boire tes paroles en attendant le refrain
Étoffe ton discours opère vite évite de me laisser faire
On prend vite goût à la liberté c'est vrai que je pourrai m'y faire
J'ai tout gardé en tête les caresses et les coups de laisse
Les récompenses les remontrances quand j'ai déçu maîtresse
Chacun dans sa niche et les pitbulls seront bien gardés
Je sais plus si tu me veux bien ou si tu veux juste me domestiquer
Plus ça va plus je te regarde d'un autre angle
Mes certitudes s'écroulent j'hésite des fois à ramener le boomerang
Y'a forcément un soumis y'a forcément un dominé
Si il y a des cases alors dans laquelle m'as tu placé
J'entends des voix et elles me crient putain prospère
T’es l'obstacle à mon émancipation et aussi mon repère
J'imagine le pire que le sang coule il me faut un prêtre
Car aujourd'hui j'ai décidé de mordre la main du maître
Lyor
On a la rage au ventre on a la bave aux lèvres
Aujourd’hui la puante misère monte comme la fièvre
Elle pullule purulente elle suinte elle esquinte
Le travail produit des corps meurtris qui s’éreintent
On reste là à la recherche d’une dernière étreinte
Les mains calleuses serrent les cols blancs la lumière éteinte
Etrange étranglement et tant pis pour les conséquences
Les déjà-morts n’ont pas d’ADN qu’on séquence
C’est le chiendent la chienlit des chiens dans un jeu de quilles
C’est l’espoir des opprimés l’étoffe des guenilles
Que le maître tourne la tête et la bête lui sautera au cou
Ce ne sera que justice pour avoir subi tous ces coups
A genoux sans avoir combattu aux abois abattus
La masse informe sans défense et sans fin des âmes nues
Un jour enfin saura sa force reconnaître
Ce jour là on pourra mordre la main du maître
Jacques Prévert
Il prend l’air des ouvriers, il leur prend l’air, le temps, la vie et quand il y en a un qui crache ses poumons dans l’atelier, ses poumons abîmés par le sable et les acides, il lui refuse une bouteille de lait. Qu’est-ce que ça peut lui foutre, une bouteille de lait ?
Il n’est pas laitier… (…) Mais ceux qu’on a trop longtemps tondus en caniches, ceux-là gardent encore une mâchoire de loup, pour mordre, pour se défendre, pour attaquer (...)
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10. |
Chien de fusil
04:03
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Chien de fusil
Elle a connu l’amour des hommes les printemps éclatants
Elle a construit une vie de femme et combattu le vide
Elle a connu les jours de foule et tous les autres gens
Dans l’euphorie des rêves elle a couru après la nuit
Elle a connu l’amour d’un homme et celui d’un enfant
La famille les éclats de voix et les éclats de rires
Un matin laid l’amour s’en va et l’enfant devient grand
Comme tous les autres gens elle a couru après la vie
Une seule assiette sur la table dans le reflet du petit écran
Et les je t’aime pêle-mêle emportés par le vent
Il reste les souvenirs blêmes et les photos jaunies
Elle se blottit contre elle même en chien de fusil
Doucement dans le silence de l’appartement
Elle compte ses cheveux blancs seule en vieillissant
Et pourtant quelque part dans le cours du temps
Y’a quelqu’un qui l’attend forcément
Est-ce que quelqu’un l’entend ?
Il connaît bien la cour d’école mais reste sur le banc
Il a construit son propre monde et dévoré des livres
Il embrasse la maitresse du haut de ses dix ans
Du haut de l’innocence que lui promet la vie
Il connaît peu l’amour il le conjugue avec absent
Avec un frigo blanc et quelques lignes sur des post it
Le cartable est trop lourd les autres gens sont des géants
Il apprend des poèmes où les parents vivent trop vite
Une seule assiette sur la table dans le reflet du petit écran
Et les je t’aime pêle-mêle emportés par le vent
Il reste les souvenirs blêmes et les photos jaunies
Il se blottit contre lui même en chien de fusil
Doucement dans le silence de l’appartement
Il compte ses chevaux blancs seul en grandissant
Et pourtant quelque part dans la cour des grands
Y’a quelqu’un qui l’attend forcément
Est-ce que quelqu’un l’entend ?
Il a connu l’amour des autres et la force du temps
Il jette son numéro d’écrou le jour de sa sortie
Il est tombé salement le jour de ses vingt ans
Trente années de prison c’est trente années de vie
Il a connu l’amour d’une femme mais c’était bien avant
Que les parloirs se vident sans personne derrière la vitre
Les seuls amis qui restent seront vivants dedans
Il remonte le col de sa veste et se perd dans la ville
Une seule assiette sur la table dans le reflet du petit écran
Et les je t’aime pêle-mêle emportés par le vent
Il reste les souvenirs blêmes et les photos jaunies
Il se blottit contre lui même en chien de fusil
Doucement dans le silence de l’appartement
Il compte ses cheveux blancs seul en vieillissant
Et pourtant quelque part dans le cour du temps
Y’a quelqu’un qui l’attend forcément
Est-ce que quelqu’un l’entend ?
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11. |
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Nul bar ailleurs
Tout s’arrête ici et nul bar ailleurs
Venu vider vessie rempli de liqueur
L’horizon rétrécit s’il faut que l’on meurt
Autant que ce soit ici. C’est quand l’happy hour ?
Rouda
Je porte les habits de la veille je commande un café noir
Comme d’hab
Suis-je cadavre de bouteille ? Me demande mon reflet sur le comptoir
Code bar
La nuit a bu tout mon sommeil au moins jusqu’au prochain trou noir
Comme d’hab
Demain c’est toujours comme hier pareil au fond d’un verre à boire
John Banzaï
Rien n'a plus de gravité ici chacun sa pesante-heure
Comme d’hab
Toute sortie est prohibée m'a soufflé le ventilateur
Coup de barre
Parfois j'me demande si c'est le verre ou si c'est moi
Comme d’hab
Lequel de nous deux commande ... lequel trinque et lequel boit
Rouda
A traîner ses guêtres autant se parler peut-être
Sur la rangée de têtes combien d’élèves et de maîtres
John Banzaï
Tant pis si l'on se répète tant pis si l'on se répète
On salue des silhouettes la nuit file comme une comète
Rouda
Combien de courses au LIDL de PMU et de dettes
Combien de femmes aux vies seules de cœurs qui battent en retraite
John Banzaï
Ici la philo et la folie se mélangent jusqu'a perdre la tête
Viens on s'en jette un dernier sont parfois les mots que l'on regrette
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12. |
François
03:16
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François
Z’auriez pas vu François ?
François ! Comment ça va François ?
J’t’avais pas vu François dis moi
Comment ça va François ?
Au marché de Belleville ma petite dame y’a plus de saisons
J’ai l’oreille citadine les bars sont la voix de la raison
En manque de vitamines je veux du soleil et des chansons
En guise d’éphéméride voici ma liste des prénoms
Il semblerait que ce soit l’année des François
Chez les hommes politiques on peut se tuer de sang froid
C’est déjà vu cent fois c’est jamais deux sans trois
Sur le comptoir mon verre de bière la petite dame n’écoutait pas
Et sur ma droite François Fillon et Jean-François Copé
S’affrontent pour savoir qui deviendra François Ier
Tous les François ont sorti les épées
Une foire d’empoigne démodée autant que peut l’être François Corbier
Z’auriez pas vu François ?
François ! Comment ça va François ?
J’t’avais pas vu François dis moi
Comment ça va François ?
Y’a les François Bayrou y’a les François Baroin
Y’a les François l’embrouille et puis tous les François d’en bas
Tous les François Hollande sont des François normaux
Et pour ces François là les François Mitterrand sont des héros
Y’a des François Chérèque et même des Rebsamen
Et François le français sur canal chaque semaine
A chacun son François à chacun sa rengaine
Et bien souvent tous les François ont des Françoises qui les aiment
Certains fils de François ont un destin tracé
Et quelques François morts ressurgissent du passé
Salut François merci François je suis dépassé
Même le patron s’appelle François François remet moi un godet
Triste histoire je vous avais pris pour François
Une confusion de comptoir pardonnez-moi et bonsoir
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ROUDA Paris, France
Rouda est un rappeur et slameur parisien qui multiplie les activités : albums, featurings, spectacles, chroniques radio, voix off, écriture de séries TV. Son parcours de globe-trotter l’emmène de Bujumbura à Caracas, tandis qu’en France il anime régulièrement des ateliers d’écriture avec le Collectif 129H. Le 05 janvier 2023, il sort Les Mots nus, son premier roman aux Éditions Liana Levi. ... more
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